Bonjour, mon nom est Sandrine, je suis africaine, j’ai 38 ans et j’ai un utérus fibromateux. Tout a commencé il y a 8 ans, quand j’ai découvert que j’avais une petite masse plus ou moins arrondie au niveau de mon bas-ventre qui bien qu’indolore m’a beaucoup inquiétée. Et oui, sentir qu’on a une masse dans l’abdomen peut être très inquiétant. Étant une personne mince, cette masse était plus accentuée en position couchée que debout. Je l’ai justement palpée pour la 1re fois en position couchée. Avant cela, j’avais constaté que j’avais des ménorragies (règles anormalement abondantes et longues). Concernant les dysménorrhées (douleurs pendant les menstruations), contrairement à mes sœurs, j’en avais toujours eu depuis la puberté. J’ai donc consulté un gynécologue et le diagnostic de fibrome utérin a été posé. Le gynécologue m’a mise sous progestatif associé à du fer car je faisais de l’anémie. Je prenais mes anti-inflammatoires comme d’habitude durant mes règles.

Au fil des mois et des années, les fibromes ont grossi. Ils sont devenus très incommodants et, en plus des saignements fréquents, j’ai commencé à avoir des douleurs atroces qui me conduisaient chaque fois à l’urgence, car il me fallait des antalgiques de pallier supérieur et en intraveineuse pour me calmer. Je me souviens encore de mes cris et de mes pleurs à cette époque, c’était atroce. En plus de vivre cela chaque mois, j’étais également très fragile mentalement et psychiquement.

J’ai subi une myomectomie par laparotomie en 2012, soit deux ans après le diagnostic.

La myomectomie était rendue nécessaire à cause des douleurs invalidantes, des saignements abondants, de l’anémie sévère que je faisais (les médecins avaient même envisagé une transfusion sanguine durant l’opération) et pour faciliter une grossesse ultérieure. Trois mois plus tard,  j’ai récupéré de l’intervention. Mon médecin m’a conseillé de concevoir un enfant le plus rapidement possible car la nature a horreur du vide. Il est important de savoir que selon la localisation du fibrome, les symptômes, sa taille, il est difficile d’échapper à une intervention chirurgicale. L’hystérectomie est envisageable, mais on conserve l’utérus en cas de désir de grossesse, surtout quand on est encore en âge de procréer. Quelques mois après mon opération, mon cycle est devenu régulier. J’avais toujours des fibromes mais ils étaient asymptomatiques. Lors de l’intervention, on avait uniquement retiré le plus gros qui mesurait environ 16 cm.

J’ai finalement rencontré l’homme de ma vie plusieurs années plus tard, en 2014. Nous avons décidé de nous mettre en couple en 2015. Tous les deux nous voulions des enfants. J’avais fait comprendre à mon conjoint que j’avais subi une myomectomie.

En 2016, je n’arrivais pas à concevoir.

En 2016, comme je n’arrivais pas à concevoir, nous nous sommes rendus à une clinique d’assistance à la procréation pour consulter et discuter d’autres alternatives. Nous avons réalisé plusieurs tests au sein de cette clinique afin de savoir quelle était l’origine du problème. Les tests, bien évidemment, ont montré que cela venait de moi.  Le bilan de fertilité a retrouvé plusieurs fibromes (j’en avais 15 maintenant et ils avaient augmenté de volume), une faible réserve ovarienne. L’hystérosalpingographie, la radiographie pour observer l’utérus et les trompes de Fallope, a montré que j’avais les deux trompes bouchées. Ma gynécologue m’a expliquée que vu mon âge « avancé », il était préférable d’opter directement pour une FIV. Mais pour garantir son succès, il fallait réduire la taille du fibrome. Elle m’a également conseillé de congeler mes ovules. J’ai donc été mise sur Fibristal durant 3 mois afin de réduire la grosseur des fibromes. L’insémination artificielle n’avait pas été envisagée car pour cela il fallait avoir des trompes perméables, ce qui n’était pas mon cas.

Comme la clinique ne me plaisait pas, nous avons décidé de transférer notre dossier dans un centre de reproduction. J’avais dans mon entourage deux amies qui avaient été suivies là-bas. Pour ma part, il est très important que le courant passe avec le médecin qui nous suit, de se sentir comprise, encadrée et de recevoir les réponses à ses questionnements.  De plus, le coût de la FIV était relativement moins dispendieux au centre de la reproduction.  Avec mon conjoint, nous nous sommes donc rendus là-bas où nous avons refait des tests. Je prenais le Fibristal depuis déjà trois mois et bonne nouvelle, l’échographie a montré une réduction conséquente de mes fibromes. Il a été convenu que je prendrai le Fibristal pour encore trois autres mois.  Après cela l’hystérosalpingographie a montré que j’avais des trompes perméables. C’était en fait les fibromes qui obstruaient mes trompes.

Mes trompes étant perméables, j’ai donc eu recours à l’insémination artificielle (IA).

Nous avons débuté le processus d’IA. Celui-ci était couvert par le gouvernement pour neuf essais.  Le 1er jour des règles, on rencontre une infirmière qui nous explique tout. On se procure des médicaments disponibles dans des pharmacies spécifiques. On revient voir l’infirmière qui nous explique comment et durant combien de temps nous devrons administrer les injections. Un RDV est pris pour des examens de sang et une échographie de suivi. Arrive enfin le jour où on modifie le traitement en vous demandant de vous injecter la molécule qui déclenchera l’ovulation, de venir le lendemain avec le sperme de votre conjoint pour faire l’insémination. J’ai été très positive durant ce processus car pour moi il n’y avait pas de raison que cela ne fonctionne pas. Ni mon conjoint, ni moi n’avions d’autres problèmes. Je pensais tout le temps à mon traitement et je faisais mon possible pour ne jamais être en retard pour mes injections. Nous avons essayé deux fois. Nous avons subi deux échecs, ce qui m’a beaucoup affectée psychologiquement. À la deuxième tentative, j’ai beaucoup pleuré quand j’ai eu mes règles. Heureusement, je n’étais pas seule. Mon conjoint m’a énormément soutenue durant ces essais. Après ces deux tentatives, j’ai eu besoin de prendre une pause de deux mois.

Après cette période, nous sommes retournés voir le gynécologue avec la décision de faire une FIV.

Le traitement hormonal de la FIV a été plus lourd. Certaines molécules de l’IA ont été reconduites mais il y en avait plusieurs autres. J’ai dû me préparer psychologiquement à reprendre des injections.

La première journée des menstruations, on doit appeler pour prendre RDV pour une échographie « FIV » le 2e ou 3e jour de notre cycle. Le jour 2, après l’échographie, on est avisé par une infirmière de commencer nos injections d’hormones (Puregon + Repronex). Au 6e jour d’injection, on débute une nouvelle injection (Cetrotide) qui doit être prise le matin, tout en poursuivant les autres injections. Le 8e jour, des injections, une autre échographie et une prise de sang sont réalisées. D’autres échographies sont planifiées en fonction de comment notre organisme répond au traitement. L’idée est de maximiser la stimulation folliculaire. Mon prélèvement d’ovules a eu lieu environ deux semaines après le début du processus. J’avais pu produire cinq follicules. Mon mari était également présent pour donner son sperme. Un jour avant, sur les recommandations de l’infirmière, je m’étais injectée l’hormone HCG. Après le prélèvement d’ovules, j’ai reçu trois autres prescriptions en vue de la préparation du transfert d’embryon.  Celui-ci a eu lieu trois jours après le prélèvement des ovules. La culture n’avait donné que deux embryons qui ont tous été transférés dans mon utérus. Après le transfert, nous avons pris un RDV pour le test de grossesse. L’équipe médicale du Centre de reproduction nous fait des recommandations concernant le mode de vie à adopter (alimentation, vitamines, exercice, hygiène, relations sexuelle, stress…).  Entre-temps, je devais poursuivre avec le médicament Endometrin en intra-vaginal. J’ai fait mon possible pour ne pas être stressée durant cette période d’attente. C’était difficile. Le jour du RDV pour le test de grossesse, soit environ une dizaine de jours après, je me suis rendue au Centre de reproduction et on m’a fait un prélèvement sanguin. L’infirmière m’a rassurée en me disant que je recevrais un appel ce même jour pour me dire si j’étais enceinte ou non. Au retour, j’ai acheté un test rapide de grossesse, j’étais tellement impatiente, je ne voulais pas attendre. Mais j’ai été dans l’incapacité de le faire et j’ai attendu. Dans l’après-midi, le centre m’a appelée pour me transmettre une nouvelle positive : ma FIV avait marché du 1er coup. C’était le bonheur total. Le miracle s’était produit. J’allais avoir des jumeaux.  Je ne me rappelle plus précisément quand, mais un à deux mois après, j’ai eu ma 1re échographie de grossesse. Le gynécologue m’a dit qu’un seul embryon avait survécu. Cette nouvelle m’a beaucoup chagrinée car je voulais une grossesse gémellaire, « avoir deux bébés au prix d’un ».

Mon premier et mon deuxième trimestre ont été assez difficiles. Les fibromes grossissaient avec la grossesse. Ils étaient parfois tellement douloureux que j’ai été hospitalisée à plusieurs reprises. J’avais tout le temps peur de perdre mon bébé.  Mon troisième trimestre fut le plus facile.

La FIV peut être difficile à supporter tant moralement que financièrement, mais ça vaut le coût! J’étais prête à tous les sacrifices pour être mère. Je pense qu’il ne faut pas trop attendre et cogiter à un certain âge, mais plutôt foncer devant les possibilités de procréation médicale assistée qui s’offrent à nous. Il est également important de croire que ça peut fonctionner et de persévérer malgré certains résultats négatifs.

Sandrine.