Par Françoise Girard, herboriste-thérapeute, aromathérapeute et naturopathe.
Qui ne connaît pas le framboisier Rubus idaeus ou R. strigosus, de la famille des Rosacées, et son délicieux petit fruit rouge qui sent bon l’été ? Outre le régal qu’il est pour nos papilles gustatives, il est l’allié incontournable de la santé des femmes depuis les premières menstruations jusqu’à la ménopause.
D’où vient-il ?
D’Europe et d’Asie tempérée. De nos jours, on le trouve dans la plupart des régions tempérées.
Parties utilisées en herboristerie
J’entends votre déception : eh bien non, ce ne sont pas les fruits… mais les feuilles.
Ses propriétés et son utilisation
Il y a tant à dire sur tout ce que le framboisier peut apporter à la femme dans les différentes étapes de sa vie !
Il est une plante de base pour ses propriétés astringente et anti-inflammatoire. Il est aussi un remarquable tonique utérin, en quelque sorte le professeur de yoga ou coach sportif tout en douceur de l’utérus. Ainsi, il occupe une place de choix en mélange, en appui à d’autres plantes choisies en fonction de l’action thérapeutique spécifique recherchée. Il n’a donc pas toujours la vedette, mais il joue un second rôle incontournable à ne pas oublier d’inviter. Le framboisier présente aussi un avantage non négligeable : il peut se prendre de manière sécuritaire sur le moyen et long terme.
Dès les premières menstruations, le framboisier devient un fidèle compagnon, que ce soit pour soulager des menstruations abondantes (en mélange avec l’alchémille Alchemilla vulgaris ou l’achillée millefeuille Achillea millefolium) ou douloureuses (avec le pimbina Viburnum trilobum), ou encore pour soulager le syndrome prémenstruel.
Associé à l’ortie Urtica dioica, il aide à minéraliser l’organisme et donc à prévenir l’anémie qui peut être causée par des menstruations trop abondantes.
En cas d’endométriose, de fibrome ou de kyste, il est une plante de fond que ce soit dans des mélanges de plantes pour soulager la douleur, les saignements, ou encore l’inflammation.
Pour favoriser la fertilité, le framboisier peut être ajouté dans un mélange de plantes plus spécifiques, comme le shatavari Asparagus racemosus.
En préparation à l’accouchement, il tonifie l’utérus et aide à prévenir les hémorragies tandis que, pendant le travail, il rend les contractions plus efficaces et moins douloureuses.
En période de post-partum, il aide au rétablissement des organes génitaux (en complément de l’alchémille).
Associé au fenouil Foeniculum vulgare, il facilite la production de lait et l’enrichit.
Enfin, à la ménopause et surtout pendant la péri-ménopause, le framboisier accompagne d’autres plantes, selon les phases traversées et les symptômes ressentis, afin de réguler les désordres menstruels et autres troubles liés à la ménopause.
Je ne mentionnerai que très succinctement les autres utilisations possibles essentiellement liées à sa propriété astringente[i] : notamment en cas de diarrhée, de conjonctivite, d’infections respiratoires ou encore de rhinite allergique avec écoulement nasal et excès de mucus clair. Les hommes ne sont pas en reste, car le framboisier est également reconnu pour son utilité pour le système reproducteur masculin, notamment la prostate.
Le framboisier en bref
Un allié fidèle et incontournable de la femme,
depuis les premières menstruations jusqu’à la ménopause.
Sous quelles formes l’utiliser ?
En infusion (feuilles fraîches ou séchées) et en teinture-mère (alcool ou vinaigre). Si vous recherchez aussi l’effet nutritif du framboisier, privilégiez l’infusion plutôt que la teinture-mère, l’eau étant le meilleur extracteur pour les minéraux et les vitamines.
Une de mes infusions favorites
Framboisier et gingembre Zingiber officinale, duo de choc au goût intense et réchauffant, à consommer tout au long de la journée au moment des menstruations pour à la fois tonifier l’utérus et soulager l’inflammation.
À quels principes actifs attribuer ses principaux effets ?
Faute d’études suffisantes expliquant certains effets constatés de manière empirique, je me limiterai à deux principes actifs. D’abord, les tanins dont la présence est avérée et auxquels on attribue les propriétés astringente, hémostatique[ii] et anti-inflammatoire du framboisier. Ensuite, les minéraux, notamment calcium, potassium et fer, pour leur propriété nutritive.
Science ou tradition ?
Le framboisier fait malheureusement l’objet de peu de recherches et les études sur son utilisation bénéfique par la femme enceinte sont controversées (voir références plus bas). Toutefois, son usage empirique bénéfique est largement confirmé. Plusieurs générations de sages-femmes et de doulas l’ont utilisé. De grands noms de l’herboristerie, comme notamment Aviva Romm et Susun Weed, spécialistes nord-américaines de la santé de la femme, le conseillent pendant la grossesse et pour la préparation à l’accouchement, à l’exception des cas de grossesse à risque pour cause d’antécédent ou de risque de fausse-couche.
Précautions principales
Du fait du manque de recherches, le framboisier est contre-indiqué en cas de maladies et cancers hormonodépendants et en cas de grossesse, mais de nombreux herboristes le considèrent sécuritaire sur la base de l’usage traditionnel. Prudence néanmoins pendant le premier trimestre pour les femmes ayant déjà eu une fausse-couche ou sujettes aux saignements.
Du fait de la présence de tanins, il est recommandé d’espacer la prise de framboisier d’au moins deux heures pour ne pas réduire l’absorption de médicaments ou suppléments.
Le framboisier au jardin
Vous voulez le cultiver ?
Plante indigène au Québec, il se cultive très facilement. Il aime le soleil pour que ses fruits puissent rougir ! mais il tolère la mi-ombre.
Quand le cueillir?
… la première année à l’automne (mais la concentration en tanins sera moindre) ou de préférence la deuxième année au printemps. Si vous faites de la cueillette sauvage, attention à ne pas confondre le framboisier avec la ronce. Une astuce pour les distinguer : regardez le dessous de la feuille. Celui du framboisier est blanchâtre tandis que celui de la ronce est vert comme le dessus.
Comment le transformer une fois cueilli ?
Vous pouvez le faire sécher au séchoir, suspendu à l’envers ou à plat sur une grille.
Le framboisier en cuisine
Je me fais pardonner votre déception pour son utilisation sous forme de feuilles en herboristerie Après l’utilisation des feuilles en herboristerie, voici, pour les fruits, ma recette santé de crème de graines de chia et framboises.
Pour deux personnes, faites gonfler 2 c. à soupe de graines de chia dans 1 tasse (250 ml) de lait d’amande (ou autre lait végétal). Mélangez avec un fouet jusqu’à ce que le mélange soit homogène et répartir dans deux bols.
Laissez gonfler au réfrigérateur pendant environ deux heures.
Au moment de servir, ajoutez des framboises fraîches ou congelées selon la saison.
Parsemez de noix de Grenoble, de cajou ou de pécan hachées.
Pour les becs sucrés, ajoutez un filet de sirop d’érable.
À consommer sans culpabilité ! En effet, la graine de chia est nutritive (nombreux acides gras essentiels, protéines végétales et glucides) et une puissante anti-oxydante. Elle facilite également le transit intestinal, car elle est riche en fibres et en mucilages qui gonflent en présence de liquide.
Le framboisier à travers l’Histoire
Le framboisier était connu tant par les Chinois que par les Grecs et les Romains en usage thérapeutique. Son utilisation par les Premières Nations nord-américaines est largement répandue depuis des siècles pour accompagner la femme dans ses différentes étapes de vie. Son usage thérapeutique a été plus tardif en Europe.
Mise en garde : Consultez un praticien de soins de santé/fournisseur de soins de santé/professionnel de la santé avant de faire un usage thérapeutique des plantes médicinales.
Références
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