Fibromes et fertilité : toute la vérité sur votre capacité à concevoir

La question qui hante toutes les femmes ayant des fibromes : « Pourrai-je avoir des enfants ? »

Lorsqu’on annonce à une femme qu’elle a des fibromes utérins, une des premières questions qui surgit est : « Est-ce que je pourrai avoir des enfants ? » Cette inquiétude légitime mérite une réponse nuancée, car la réalité est loin d’être aussi sombre que ce que l’on entend souvent. Démystifions ensemble ce sujet crucial.

La vérité d’abord : la plupart des femmes avec fibromes peuvent concevoir

Commençons par la bonne nouvelle, celle qu’on oublie trop souvent de dire : la majorité des femmes porteuses de fibromes utérins ne rencontrent aucune difficulté à concevoir. De nombreuses femmes atteintes de fibromes utérins peuvent concevoir et mener une grossesse à terme avec succès.

Dans l’immense majorité des cas, la présence de fibromes n’a aucun retentissement sur la fertilité. Beaucoup de femmes mènent une grossesse à terme sans que le fibrome leur cause de problèmes.

Alors pourquoi cette panique généralisée ? Parce qu’on se concentre sur les cas problématiques sans parler des milliers de femmes qui vivent avec des fibromes et ont des enfants sans difficulté. Il est temps de remettre les pendules à l’heure.

Les chiffres pour mieux comprendre

Il est rapporté que 5 % à 10 % des cas d’infertilité avant une prise en charge médicale sont associés à la présence de fibromes utérins. Ceux-ci sont considérés comme l’unique facteur d’infertilité dans 1 % à 3 % des cas.

Autrement dit :

  • 90 à 95% des femmes infertiles n’ont PAS de fibromes comme cause
  • Seulement 1 à 3% des cas d’infertilité sont dus uniquement aux fibromes
  • Les fibromes sont présents chez 5 à 10 % des patientes infertiles

Ces chiffres montrent que les fibromes ne sont pas la cause principale d’infertilité, contrairement à ce que l’on pourrait croire.

Tous les fibromes ne sont pas égaux face à la fertilité

Le facteur #1 : la localisation

La localisation de votre fibrome est beaucoup plus importante que sa taille pour déterminer son impact sur votre fertilité.

Les fibromes sous-muqueux (types 0, 1, 2) : les plus problématiques

Ces fibromes font saillie dans la cavité utérine et représentent le plus grand risque pour la fertilité. Les fibromes peuvent être associés à une infertilité, en particulier les fibromes sous-muqueux.

Pourquoi sont-ils problématiques ?

  • Ils déforment la cavité utérine où l’embryon doit s’implanter
  • Ils peuvent altérer la structure de l’utérus et de sa muqueuse, rendant difficile l’implantation de l’embryon dans l’endomètre
  • Ils peuvent empêcher l’embryon de se fixer correctement
  • Ils augmentent significativement le risque de fausse couche précoce

C’est surtout le cas en présence d’un fibrome sous-muqueux que les difficultés de nidation surviennent.

Les fibromes intramuraux (types 3 et 4) : impact variable

Ces fibromes sont situés dans l’épaisseur de la paroi utérine. Leur impact sur la fertilité dépend de plusieurs facteurs :

  • Leur proximité avec la cavité utérine
  • Leur taille (les fibromes de plus de 4 cm sont plus préoccupants)
  • Leur nombre (fibromes multiples vs fibrome unique)

Pour les fibromes situés dans le muscle (intramuraux), bien qu’ils soient associés à une diminution de la fertilité et à une augmentation de fausses couches, les données scientifiques disponibles n’ont pas permis de confirmer l’utilité d’une résection (myomectomie) pour améliorer les taux de succès en procréation assistée.

Les fibromes sous-séreux (types 5, 6, 7) : généralement peu d’impact

Ces fibromes se développent vers l’extérieur de l’utérus. Les fibromes utérins situés sur la paroi externe de l’utérus (sous-séreux) ne semblent pas altérer significativement avec la fertilité.

Ils peuvent devenir volumineux sans affecter vos règles ni votre capacité à concevoir. Cependant, s’ils dépassent 6 cm, ils peuvent comprimer les trompes de Fallope et gêner le passage de l’ovule.

Le facteur #2 : la taille

La taille compte, mais pas comme vous le pensez. Il n’y a pas de parallélisme entre la taille d’un fibrome et les troubles qu’il peut entraîner.

Règle générale :

  • Moins de 3 cm : Impact généralement négligeable
  • Entre 3 et 5 cm : Zone grise, dépend surtout de la localisation
  • Plus de 5 cm : Augmentation du risque selon la localisation

Un petit fibrome sous-muqueux de 2 cm peut causer plus de problèmes qu’un gros fibrome sous-séreux de 8 cm.

Le facteur #3 : le nombre

Avoir plusieurs fibromes (utérus polymyomateux) complexifie la situation car :

  • Les effets peuvent se cumuler
  • La cavité utérine peut être plus déformée
  • L’utérus peut être considérablement agrandi

Cependant, même avec de multiples fibromes, une grossesse reste possible. Tout dépend de leur localisation respective.

Comment les fibromes affectent-ils concrètement la fertilité ?

Mécanisme #1 : Obstruction des trompes

Certains fibromes, s’ils sont volumineux ou mal positionnés, peuvent :

  • Comprimer les trompes de Fallope
  • Empêcher l’ovule de descendre vers l’utérus
  • Bloquer la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde

Mécanisme #2 : Déformation de la cavité utérine

Si un fibrome est situé près du site d’implantation ou déforme la forme de l’utérus, il peut empêcher l’embryon de se fixer correctement à la muqueuse utérine, ce qui réduit les chances de grossesse.

Imaginez essayer de planter une graine dans un terrain bosselé ou compressé : l’implantation devient difficile.

Mécanisme #3 : Altération de la vascularisation

Les fibromes peuvent modifier le flux sanguin vers l’endomètre, affectant :

  • La qualité de l’endomètre
  • La nourrit de l’embryon implanté
  • Le développement précoce de la grossesse

Mécanisme #4 : Inflammation locale

La présence de fibromes peut créer un environnement inflammatoire dans l’utérus qui n’est pas optimal pour l’implantation et le développement embryonnaire.

Fibromes et Fécondation In Vitro (FIV) : ce qu’il faut savoir

Les fibromes influencent-ils le succès de la FIV ?

La réponse dépend du type de fibrome :

Fibromes sous-muqueux : Impact négatif clair

  • Pour les fibromes faisant protrusion dans la cavité utérine, il semble exister un avantage clinique à les extraire avant une FIV, le plus souvent par hystéroscopie, afin d’améliorer le taux de succès.
  • Le taux de grossesse peut être pratiquement doublé après myomectomie

Fibromes intramuraux : Débat en cours

  • Les fibromes de plus de 4 cm peuvent nécessiter une intervention
  • La décision doit être individualisée selon l’âge et les autres facteurs

Fibromes sous-séreux : Généralement pas d’intervention nécessaire

  • Un fibrome utérin asymptomatique, ne déformant pas la cavité endométriale, ne justifie pas une myomectomie avant un traitement d’aide médicale à la procréation (AMP), le taux de grossesse n’étant pas affecté

Stratégie avant une FIV

Selon le type de fibrome, le nombre, la taille et la localisation, votre spécialiste pourra vous orienter vers le traitement d’AMP (assistance médicale à la procréation) le plus adapté à votre situation.

Approche recommandée :

  1. Évaluation par une équipe multidisciplinaire : gynécologue + spécialiste en fertilité
  2. Bilan complet : échographie, IRM si nécessaire, bilan hormonal
  3. Discussion des options : traiter les fibromes d’abord ou procéder directement à la FIV
  4. Décision personnalisée en fonction de :
    • Votre âge
    • Votre réserve ovarienne
    • La localisation des fibromes
    • Vos antécédents d’infertilité
    • Le temps écoulé depuis vos essais de conception

Faut-il traiter les fibromes avant de tenter une grossesse ?

La question n’a pas de réponse universelle

Il n’y a donc pas lieu de proposer systématiquement un traitement des fibromes utérins avant tout projet de grossesse. La décision doit se discuter au cas par cas.

Quand le traitement est recommandé

Indications claires pour une myomectomie avant grossesse :

  • Fibromes sous-muqueux déformant la cavité utérine
  • Antécédents de fausses couches à répétition
  • Infertilité inexpliquée avec présence de fibromes symptomatiques
  • Fibromes intramuraux de plus de 4 cm après échec de FIV

Quand la surveillance suffit :

  • Fibromes sous-séreux asymptomatiques
  • Petits fibromes intramuraux (moins de 3-4 cm)
  • Fibromes découverts fortuitement chez une femme sans difficulté à concevoir

Les options de traitement avant grossesse

1. Myomectomie hystéroscopique (par les voies naturelles)

  • Idéale pour les fibromes sous-muqueux
  • Pas d’incision externe
  • Récupération rapide (4-6 semaines)
  • Grossesse possible après 2-3 mois

2. Myomectomie par laparoscopie (petites incisions)

  • Pour les fibromes intramuraux et sous-séreux
  • Récupération en 4-6 semaines
  • Attendre 6-12 mois avant de concevoir pour permettre la cicatrisation de l’utérus

3. Myomectomie par laparotomie (grande incision)

  • Pour les fibromes très volumineux ou multiples
  • Récupération plus longue (6-8 semaines)
  • Attendre 12 mois avant de concevoir
  • Risque de césarienne selon la cicatrice utérine

4. Traitement médical temporaire

  • Myfembree  (relugolix, estradiol, and norethindrone acetate) pour réduire la taille avant chirurgie ou FIV
  • Agonistes de la GnRH pour rétrécir les fibromes temporairement
  • Utilisé comme « pont » avant une intervention

5. Embolisation des artères utérines

  • Sujet controversé pour les femmes désirant une grossesse
  • Autrefois déconseillée, les techniques modernes montrent des résultats prometteurs
  • Une étude de 2022 confirme ces avancées, montrant que 91 % des femmes ayant subi une embolisation selon ce protocole ont connu un succès clinique, avec une diminution moyenne de 73 % de la taille des fibromes
  • Parmi les femmes désirant une grossesse, 65 % ont pu concevoir

Fibromes et grossesse : naviguer les 9 mois

L’évolution des fibromes pendant la grossesse

Les fibromes réagissent aux hormones de grossesse de manière variable :

Premier trimestre :

  • Aux premier et deuxième trimestres de la grossesse, on constate une augmentation de la taille des fibromes due aux variations hormonales (accroissement de la production d’œstrogène)
  • 20 à 30% des fibromes peuvent grossir
  • Risque accru de fausse couche précoce avec fibromes sous-muqueux

Deuxième trimestre :

  • Croissance possible mais variable
  • Risque de nécrobiose aseptique (le fibrome « meurt » partiellement) causant des douleurs intenses
  • Surveillance échographique régulière

Troisième trimestre :

  • On constate une diminution de la taille des fibromes (sous l’influence de la progestérone augmentant au fil de la grossesse)
  • La plupart des fibromes se stabilisent ou rétrécissent

Les complications possibles

Les fibromes utérins, en plus d’affecter la fertilité, peuvent avoir des répercussions sur la santé de la mère et du bébé pendant la grossesse.

Complications maternelles :

  • Douleurs pelviennes (surtout si nécrobiose)
  • Risque légèrement accru d’hypertension gravidique
  • Saignements pendant la grossesse
  • Risque d’accouchement prématuré
  • Présentation dystocique du bébé (position anormale)
  • Hémorragie de la délivrance (après l’accouchement)

Complications fœtales :

  • Retard de croissance intra-utérin (si compression)
  • Risque d’accouchement prématuré

Important : Ces complications restent relativement rares et ces situations peuvent être gérées efficacement grâce à un suivi obstétrical attentif et personnalisé.

L’accouchement avec des fibromes

Accouchement par voie basse :

  • Possible dans la majorité des cas
  • L’accouchement par voie basse est en général possible
  • Surveillance accrue du risque hémorragique

Césarienne :

  • Recommandée si :
    • Fibrome obstruant le bassin
    • Antécédent de myomectomie avec cicatrice utérine profonde
    • Présentation du bébé anormale due aux fibromes
    • Fibrome cervical (dans le col)

Questions fréquentes

Puis-je tomber enceinte naturellement avec des fibromes ?

Oui, absolument ! La majorité des femmes avec des fibromes conçoivent naturellement sans problème. Seuls certains types de fibromes (notamment sous-muqueux) peuvent compliquer la conception naturelle.

Dois-je faire retirer mes fibromes avant d’essayer de concevoir ?

Pas systématiquement. Si vos fibromes sont sous-séreux ou de petits intramuraux, vous pouvez essayer de concevoir naturellement. Si après 6-12 mois vous ne parvenez pas à concevoir, ou si vous avez des fibromes sous-muqueux, consultez un spécialiste de la fertilité.

Combien de temps dois-je attendre après une myomectomie pour essayer de concevoir ?

Cela dépend du type de chirurgie :

  • Hystéroscopie : 2-3 mois
  • Laparoscopie : 6 mois
  • Laparotomie : 12 mois

Votre chirurgien vous donnera des recommandations précises selon votre cas.

Les fibromes peuvent-ils revenir après une myomectomie ?

Oui, le risque de récidive est supérieur à 25%. C’est pourquoi la décision de myomectomie doit tenir compte de votre âge, de votre désir de grossesse immédiat, et du temps dont vous disposez.

Puis-je faire une FIV sans traiter mes fibromes ?

Cela dépend du type de fibromes. Les fibromes sous-séreux ne nécessitent généralement pas de traitement avant FIV. Les fibromes sous-muqueux doivent être retirés. Pour les intramuraux, la décision est individualisée.

L’embolisation est-elle compatible avec un désir de grossesse ?

Longtemps déconseillée, l’embolisation avec des techniques modernes montre des résultats encourageants. Discutez-en avec votre médecin en fonction de votre situation spécifique.

En conclusion : L’espoir est permis

Si vous avez des fibromes et désirez avoir des enfants, retenez ces messages essentiels :

1. Les fibromes ne sont PAS une condamnation à l’infertilité La grande majorité des femmes avec des fibromes peuvent concevoir et mener des grossesses à terme.

2. La localisation compte plus que la taille Un petit fibrome bien placé peut être plus problématique qu’un gros fibrome éloigné de la cavité utérine.

3. Le traitement n’est pas systématique Tous les fibromes n’ont pas besoin d’être traités avant une grossesse. Une évaluation personnalisée est essentielle.

4. Les options existent De la surveillance simple à la chirurgie en passant par les traitements médicaux et l’AMP, plusieurs solutions s’offrent à vous.

5. L’accompagnement est clé Consultez une équipe multidisciplinaire (gynécologue + spécialiste en fertilité) pour une prise en charge optimale.

6. Le temps est votre allié… mais aussi votre ennemi Plus vous êtes jeune, plus vous avez de marge de manœuvre. Mais ne retardez pas indéfiniment votre projet si vous approchez de 35-40 ans.

7. Chaque cas est unique Votre parcours sera différent de celui de votre amie, de votre sœur, ou des témoignages que vous lisez en ligne. Écoutez votre corps et faites-vous confiance.

Les fibromes font partie de votre histoire, mais ils ne doivent pas définir votre avenir. Avec les connaissances actuelles et les options de traitement disponibles, votre rêve de maternité reste à portée de main.

N’abandonnez pas. Informez-vous. Entourez-vous des bons professionnels. Et surtout, gardez espoir. Des milliers de femmes avec des fibromes deviennent mamans chaque année. Vous pouvez être l’une d’elles.


Cet article est fourni à titre informatif uniquement et ne remplace pas un avis médical professionnel. Pour toute question concernant votre fertilité et vos fibromes, consultez un gynécologue ou un spécialiste en médecine de la reproduction.